Sacre de l'empereur Napoléon
et couronnement de l'impératrice Joséphine.
Par : DAVID Jacques Louis (1748 - 1825)
CARTEL DE L’ŒUVRE:
Titre : "Sacre de l'empereur Napoléon et couronnement de l'impératrice Joséphine".
Auteur / Artiste: DAVID Jacques Louis (1748 - 1825)
Date de création : 1806-1807
Date du couronnement: 02 décembre 1804
Lieu du couronnement: La cathédrale Notre-Dame de Paris.
Dimensions : Hauteur 621 cm - Largeur 979 cm
Technique et autres indications : Huile sur toile (Peinture à l'Huile).
Lieu de Conservation : musée du Louvre (Paris) site web
Contact copyright : © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski Lien vers l'image
Référence de l'image : INV 3699 - 93-001570
- Contexte historique:
En août 1802, un plébiscite avait établi le Consulat à vie, étape importante vers l’identification de la république à Bonaparte. Au début de 1803, on avait vainement tenté d’obtenir de Louis XVIII une renonciation à ses droits sur la couronne de France. Devant son refus, on évoqua le mythe de l’empire carolingien, moins choquant que la monarchie pour les partisans de la république, d’autant que la notion d’empire s’entendait aussi de manière plus abstraite : Bonaparte ou la France révolutionnaire étendaient leur empire sur l’ensemble des territoires conquis.
En avril 1804, le Conseil d’État suggéra officiellement la création de l’Empire, et le Sénat adopta le 18 mai 1804 la nouvelle constitution confiant le « gouvernement de la république » à Napoléon Bonaparte, empereur héréditaire. Ce sénatus-consulte fut validé par plébiscite.
Il convenait alors de donner à la nouvelle dynastie la protection divine du sacre et du couronnement : la cérémonie eut lieu à Notre-Dame de Paris le 2 décembre 1804, en présence du pape Pie VII qui, en échange de l’adhésion des évêques de France au Concordat et de leur soumission au pape, accepta de procéder aux deux cérémonies. Sur la façade de Notre-Dame, on dressa pour l’occasion un arc triomphal reposant sur quatre colonnes dont deux symbolisaient les dynasties mérovingienne et carolingienne et deux autres les « bonnes villes de France ». On oublia sciemment les Capétiens.
Analyse de l’œuvre:
Contre tout usage, Napoléon souhaita se couronner lui-même et couronner l’impératrice Joséphine, ce malgré le désir du pape de procéder au sacre et au couronnement. Pie VII se contenta de bénir la couronne. David représente le moment où l’empereur couronne Joséphine.
Dans cette vaste frise, on reconnaît autour des trois principaux protagonistes Cambacérès et Lebrun, ex-consuls devenus respectivement archichancelier et architrésorier, Talleyrand, Eugène de Beauharnais, les nouveaux maréchaux ainsi que les sœurs de Napoléon, chargées de porter la traîne de Joséphine. On notera dans la tribune la présence de Madame Mère, qui en réalité était absente lors de la cérémonie. David s’est aussi représenté dans cette tribune, signature traditionnelle dans le milieu artistique. Impressionnante galerie de portraits, le Couronnement est conçu comme la rencontre de deux mondes, l’un sacré à droite descendant vers un monde laïc à gauche. Napoléon est ainsi le lien qui s’établit entre la divinité symbolisée par Pie VII et l’univers républicain duquel il est issu. Seule la haute croix que tient le cardinal Caselli au centre marque le point de rencontre entre ces deux entités.
Toutefois, si solennité il y a, le tableau ne reflète aucun sentiment religieux. Tant il vrai aussi que David, peut-être d’ailleurs inspiré en la circonstance par les compositions plus fastueuses que sacrées de Véronèse (Les Noces de Cana), était sans doute réticent envers l’évolution d’un régime auquel il ne croyait pas. « Je savais bien que nous n’étions pas assez vertueux pour être républicains », avait-il dit au moment du coup d’État de brumaire. S’il avait originellement prévu de peindre une sorte de héros se couronnant dans un geste grandiloquent, il semble avoir finalement réduit son œuvre à un tour de force évoquant la somptuosité et la grandeur du nouveau faste impérial.
Interprétation:
Ambitionnant d’être le principal peintre du temps, David, nommé premier peintre le 18 décembre 1804, avait été chargé de représenter les moments forts de la cérémonie du sacre. Outre ce couronnement, il avait à peindre la distribution des aigles, l’arrivée à l’Hôtel de Ville et l’intronisation de Napoléon. Seuls les deux premiers furent réalisés.
David eut aussi pour mission de léguer à la postérité le témoignage de la légitimité du pouvoir impérial. Célébrer consistait à célébrer la nouvelle dynastie. De même que Rubens avait représenté le couronnement de Marie de Médicis, acte qui donna à la régence toute sa légitimité, David immortalisa le couronnement de l’empereur, qui dans l’imaginaire national est aujourd’hui indissociable du chef-d’œuvre du Louvre. En ce sens, le tableau de David est bien une œuvre de propagande, comme toute la production de l’époque napoléonienne. Mais si la composition s’identifie à l’Empire, elle n’en demeure pas moins avant tout un répertoire des personnalités du régime, David faisant en quelque sorte œuvre d’historien. Personne ne perçoit en effet qu’il s’agit avant tout d’un tableau sacré, à l’égal des représentations des souverains médiévaux peints dans les manuscrits. Napoléon lui-même avait dû pressentir le tour de force puisqu’il déclara à l’auteur lors de l’exposition de l’œuvre au Salon de 1808 : « Je vous salue, David. ».
1/ Les différents personnages présents sur le tableau:
BIOGRAPHIE DE : Jacques-Louis David (1748-1825) est un artiste français: il naît à Paris et après une formation artistique, il se rend à Rome, où il reste 5 années. Ce séjour en Italie est très important par son adhésion au néo-classicisme. Il y apprend l'iconographie antique qui loue la grandeur de la civilisation romaine. De retour en France, il devient un peintre engagé politiquement. La Révolution développe chez lui un enthousiasme républicain. Il devient ami de Robespierre. Il dessine "le serment du Jeu de Paume". Il propose la mise en place d'un nouveau système d'enseignement artistique. Député à la Convention, il vote la mort de Louis XVI. Ses œuvres font l'éloge des "martyrs" de la Révolution avec notamment son tableau le plus célèbre: "la mort de Marat" en 1793.
Ses œuvres témoignent des 3 périodes historiques contrastées de la fin de ce XVIII ème siècle : la fin de la Monarchie, la Révolution et l'Empire. Très admiratif de Napoléon Bonaparte, il lui consacre tout son talent et devient le peintre officiel de l'Empire napoléonien. Il sera fait Chevalier de la légion d'Honneur créée par Napoléon en 1802.
Après l'apogée de l'Empire et la défaite de Napoléon à Waterloo en 1815, David est condamné à l'exil sous Louis XVIII, pour avoir signé la condamnation à mort de Louis XVI. Il vivra le reste de sa vie à Bruxelles.
1. Napoléon 1er (1769-1821) est debout, en tenue de sacre.
2. Joséphine de Beauharnais (1763-1814) est agenouillée. Elle reçoit la couronne des mains de son mari et non du pape.
3. Maria Letizia Ramolino (1750-1836), la mère de Napoléon a été placée dans les tribunes par le peintre. En réalité, elle n’a pas assisté à la cérémonie pour protester de la brouille de Napoléon avec son frère Lucien. Maria Letizia demanda au peintre de lui attribuer une place d’honneur.
4. Louis Bonaparte (1778-1846) ; au début de l’empire, il reçut le titre de grand connétable. Roi de Hollande en 1806. Il épousa Hortense de Beauharnais, la fille de Joséphine.
5. Joseph Bonaparte (1768-1844) : après le couronnement, il reçut le titre de prince impérial. Puis il fut roi de Naples en 1806 et d’Espagne en 1808.
6. Le jeune Napoléon-Charles (1802-1807), fils de Louis Bonaparte et d’Hortense de Beauharnais.
7. Les sœurs de Napoléon (Élisa, Pauline et Caroline)
8. Charles-François Lebrun (1739-1824) : troisième consul aux côtés de Napoléon Bonaparte et de Cambacérès. Sous le Premier Empire, il occupe la place de prince-architrésorier. Il tient le sceptre.
9. Jean-Jacques-Régis de Cambacérès (1753-1824) : prince-archichancelier de l’empire. Il tient la main de justice.
10. Louis-Alexandre Berthier (1753-1815) : ministre de la guerre sous le Consulat puis maréchal d’Empire en 1805. Il tient le globe surmonté d’une croix.
11. Talleyrand (1754-1838) : grand chambellan depuis le 11 juillet 1804.
12. Joachim Murat (1767-1815) : maréchal d’empire, roi de Naples après 1808, beau-frère de Napoléon.
13. Le pape Pie VII (1742-1823), entouré par les dignitaires ecclésiastiques, nommés par Napoléon depuis le Concordat.
On reconnaît quelques évêques à leurs mitres et, au premier plan, l’archevêque de Paris tenant une croix dans la main. Pie VII est à peine visible, assis sur son faldistoire derrière Napoléon, sa main droite esquissant un geste de bénédiction. Il ne porte ni mitre ni tiare, mais le pallium sur les épaules, cette bande de laine blanche brodée de six croix noires qui était l’un des attributs de la souveraineté des métropolites de l’Église romaine. C’est à cela qu’on l’identifie.
14. Le peintre Jacques-Louis David se trouve dans les tribunes.