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ATTENTION!!! L’AFFICHE ROUGE N’EST PAS UNE ŒUVRE D’ART

CARTEL :

Titre de l’affiche : l'Affiche Rouge / L'Armée du Crime

Dimensions : H :123 cm - L :82.5 cm

Lieu de sa conservation : Musée de l'Armée à Paris. BNF

Date ou époque : Février – Mars 1944.

Genre : Affiche de propagande nazie, photomontage et typographie.

Technique & Matériaux : Impression offset a15 000 exemplaires + tracts

Commanditaire: Le  CEA. « Centre d’Études Antibolchévique »

Destinataire:  La population française. Cette affiche a été placardée partout en France, mais aussi imprimée sur des tracts.

FTP : Francs Tireurs et Partisans (Ce sont des résistants français à l’occupation nazie).

MOI : Main d’œuvre Immigrée.

l'Affiche Rouge

Brève biographie du commanditaire :

Cette affiche aurait été réalisée par le Centre d’Études Antibolcheviques (CEA) officine de propagande émanant de l’Occupant. Cet organisme, affilié au CAA (Comité d’Action Antibolchévique) est un organisme français créé dans le sillage de la LVF (légion des Volontaires Français) en juin-juillet 1941 « épaulé par les publicistes des mouvements ultra et ceux du ministère de l’Information de Vichy».

Contexte (historique, social:

1942: Création de la brigade FTP MOI à Paris

Les FTP- MOI (Francs- Tireurs et Partisans- Main d’œuvre Immigrée). Ce sont des résistants communistes, et pour beaucoup étrangers. Ils harcèlent l’occupant nazi et le régime de Vichy en multipliant les attentats dans Paris.

​Février 1943: l’Arménien Missak Manouchian prend la tête de la brigade des FTP- MOI de la région parisienne.

28 septembre 1943: l'assassinat  du colonel S.S Julius Ritter responsable du S.T.O. "Service du travail Obligatoire" en France.

16 Novembre 1943: l’arrestation de Missak et son groupe (appelé le groupe Manouchian) par la police française et remis aux autorités allemandes  l’assassinat le .

21 Février1944

Après quatre mois de torture, les 23 membres du groupe Manouchian sont jugés et condamnés à mort par un tribunal militaire allemand. Les 22 hommes sont fusillés le jour même au Mont- Valérien (colline à l’ouest de Paris) et Olga Bancic (Chișinău, Moldavie), la seule femme, décapitée le 10 Mai 1944 à Stuttgart.

 

Les jours suivants leur exécution, 15 000 exemplaires de « l’Affiche rouge » sont placardés dans Paris et en France. L’affichage fut accompagné d’un tract présentant ces libérateurs comme des criminels.

 

 

ANALYSE DE L'AFFICHE

 

Les couleurs dominantes sont:  le Rouge sang, le communisme, et le Noir la mort

La composition de l’affiche : L’affiche se lit de haut en bas, un sens de lecture « imposé » par « la flèche » pointée vers le bas de l’affiche mais également par les deux slogans (voir ci-dessous).

Les 2 slogans se répondent:

En haut de l’affiche se lit le slogan « DES LIBÉRATEURS ? »

écrit en blanc. Au bas de l’affiche, se trouve un second slogan écrit en rouge et qui répond à la question posée au haut de l’affiche « LA LIBÉRATION ! PAR L’ARMÉE DU CRIME »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A l’intérieur de la flèche, se trouvent 10 photos circulaires de ces « libérateurs », 10 membres du groupe Manouchian qui a été fusillés. Les cercles des photos rappellent des impacts de balles.

 

La « flèche » pointe vers 6 photos rectangulaires présentant les actes réalisés par ces résistants : attentats, assassinat, déraillement, sabotage, des armes…

 

Les 10 hommes de l’affiche : 10 membres du groupe Manouchian. A côté de chaque photographie sont mentionnés leurs noms, leur origine (Polonais, arméniens, Hongrois, Italien), leur religion (ils sont juifs), leur appartenance politique (ils sont communistes) et les actes qu’ils ont commis. La mention de leur origine mais aussi le fait que les noms de certains de ces hommes soient imprononçables signifient que l’on insiste volontairement sur le fait que ce sont tous des étrangers et non des Français. De plus, ces hommes sont communistes et juifs, des ennemis pourchassés et persécutés par les nazis mais également par le régime de Vichy (idéologies antisémite et anticommuniste).

 

Comprendre le message de l’affiche :

Les objectifs de l’affiche sont :

- Faire peur, intimider la population.

- De présenter les résistants comme des terroristes : De par les actes qu’ils ont commis, ces hommes au lieu d’être des « libérateurs », sont des criminels, des terroristes qui appartiennent à « l’armée du crime ». Des bandits violents et dangereux et donc la répression contre eux est juste.

- De plus ces résistants ne sont pas Français, mais étrangers et de surcroît juifs : les Allemands cherchent ainsi à développer et à répandre des idées xénophobes, antisémites et anticommunistes auprès de la population française.

- Inciter les Français à ne pas rejoindre les rangs de la Résistance.

- Inciter les Français à dénoncer « ces criminels » les résistants, les juifs…

 

L’échec de la propagande nazie :

La propagande allemande n’a pas atteint son but auprès de la population française. En effet, cette dernière au lieu de voir en ces hommes des criminels y a vu des martyrs. Ainsi, certains Français ont déposé aux pieds de ces affiches des bouquets de fleur ou ont écrit le mot Martyrs sur certaines affiches.

 

Ces affiches ont donc suscité la compassion à l’égard de ces hommes morts pour leur patrie et de la haine envers le régime de Vichy et les Allemands.

 

A la mémoire du groupe Manouchian, Louis Aragon, s’inspirant de la dernière lettre de Manouchian à sa femme Mélinée avant son exécution, a écrit en 1955 un poème intitulé Strophes pour se souvenir. Poème mis en musique ensuite par Léo Ferré.

 

 

Un monument, réalisé par le sculpteur et plasticien Pascal Convert, à la mémoire de tous les fusillés du Mont-Valérien a été inauguré en 2003.

NOTES:

L'affiche comprend :

  • une phrase d'accroche : « Des libérateurs ? La Libération par l'armée du crime ! »

  • les 10 photos, les noms et les actions menées par le groupe Manouchian :

    • « Grzywacz – Juif polonais, 2 attentats » ;

    • « Elek – Juif hongrois, 8 déraillements » ;

    • « Wasjbrot (Wajsbrot) – Juif polonais, 1 attentat, 3 déraillements » ;

    • « Witchitz – Juif hongrois, 15 attentats » ;

    • « Fingerweig – Juif polonais, 3 attentats, 5 déraillements » ;

    • « Boczov – Juif hongrois, chef dérailleur, 20 attentats » ;

    • « Fontanot (Fontano) – Communiste italien, 12 attentats » ;

    • « Alfonso – Espagnol rouge, 7 attentats » ;

    • « Rajman (Rayman) – Juif polonais, 13 attentats » ;

    • « Missak Manouchian – Arménien, chef de bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés » ;

  • les 6 photos d'attentats ou de destructions, représentant des actions qui leur sont reprochées.

 

NOTES:

http://www.ihtp.cnrs.fr/prefets/fr/node/1

1-Toujours fondamentale, lʼétude dʼÉlisabeth Dunan, « La Propaganda-Abteilung de France : tâches et organisation », in : Revue dʼHistoire de la Deuxième Guerre mondiale, 4, 1947, pages 19–32. Voir AN AJ40 1001–1016.

http://propagande-2eme-guerremondiale.e-monsite.com/pages/la-propagande-dans-le-camps-de-l-axe/la-propagande-nazie.html

http://www.cndp.fr/crdp-creteil/resistance/726

https://www.histoire-image.org/fr/albums/seconde-guerre-mondiale-s-affiche

l'Affiche Rouge de Louis Aragon - Léo Ferré
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