OXSTLR
Artiste: Nicolas MOULIN
Titre de l’œuvre: OXSTLR
Date de création: 2014
Lieu: Collège Simone Veil Aulnay-Sous-Bois .
Commande publique en 2014: 1°/° Artistique
Nature: Installation pérenne
Numéro d'inventaire: AEP2014.003.01
Portrait de l'artiste Nicolas Moulin:
Né en 1970 en France, Nicolas Moulin a fait ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Cergy-Pontoise. Il vit et travaille actuellement en Allemagne.
L’architecture et les paysages sont les thèmes centraux de ses créations artistiques.
L’histoire du 20e siècle, particulièrement la chute de l’Union soviétique, de même que la littérature de science-fiction ont influencé son imaginaire dès sa jeunesse.
Depuis quelques années, Nicolas Moulin travaille régulièrement sur une collection d’images de paysages qu’il présente déjà en partie sur Internet.
Artiste alliant la pratique de la photographie, de la vidéo et de la sculpture.
« OXSTLR »
Remarqué pour ses matériaux de bois utilisés en façade et ses longues ouvertures
vitrées, le collège Simone Veil d’Aulnay-sous-Bois, conçu par l’architecte Barbara Dumont abrite une œuvre de Nicolas Moulin. C’est une sculpture que l’artiste désigne sous le titre énigmatique d’OXSTLR. Suspendue dans l’atrium tout en verre qui sert de lien entre deux ailes du bâtiment, éclairée de jour comme de nuit, l’œuvre est visible de l’extérieur, près de l’entrée de l’établissement. C’est une structure mobile qui rappelle un peu les films de science-fiction et les satellites artificiels mis en orbite par l’homme.
De l’intérieur du collège, sur deux niveaux, les élèves et les professeurs bénéficient de deux points de vue idéaux pour observer les mouvements robotiques, lents et silencieux d’OXSTLR. Mais que signifie ce terme ? « Combinaison d’0x (axe) et de Stlr (stellaire),
il fait référence à l'exploration spatiale », explique Nicolas Moulin.
Grâce à un moteur qui le met en rotation, un bras métallique central tourne, en faisant pivoter deux longs panneaux de métal rectangulaires. Aux deux extrémités opposées, l’artiste a placé deux quadrilatères plus petits, fixés eux aussi à des axes métalliques, mais actionnés uniquement par leurs propres poids.
Le réglage de la machine exige une grande précision. C’est une question d’équilibre.
Le moteur effectue un tour complet en quelques secondes. Entraînés par lui, les deux grands panneaux de même longueur et de même poids pivotent à tour de rôle, à la même vitesse. En revanche les petits panneaux placés à la périphérie subissent le contrecoup de cette rotation parfaitement huilée et semblent avoir des mouvements individuels plus saccadés et plus aléatoires. Là comme ailleurs, les lois de la gravitation universelle s’appliquent.
Réalisé en métal laqué, ce dispositif mécanique gyroscopique est à la fois sobre et sombre. Avec leurs surfaces entièrement noires, les six quadrilatères font penser au fameux monolithe, qui apparaît dans plusieurs scènes du film 2001 l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (1968). En raison des jeux de reflets, on peut aussi établir un rapprochement avec les sculptures miroirs animées de Nicolas Schöffer, puis, en remontant toujours plus dans le temps, évoquer les constructions spatiales de l’artiste russe Alexandre Rodtchenko.
Toutefois, ces œuvres nous parlent d’une époque plus optimiste que la nôtre, lorsque les artistes regardaient avec fascination les progrès de la Cybernétique, ou rêvaient de créer un homme nouveau… En 2014, comment ne pas penser au marché de l’espace, à la centaine d’engins lancés chaque année (satellites et sondes planétaires) et à l’incroyable imagerie dont nous disposons sur Internet, en trois clics sur nos moteurs de recherche ? Justement, Nicolas Moulin a aussi souhaité nous confronter à la surface du satellite Europe et de la planète Vénus.
Deux immenses tirages photographiques installés de part et d’autre de l’atrium ont été réalisés à partir d’agrandissements d’images cartographiques de la NASA.
Les robots exercent souvent sur les êtres humains une sorte de fascination mêlée d’inquiétude. Pourtant, lorsque les collégiens traversent le couloir et passent devant l’atrium, le mouvement gyroscopique est silencieux et reposant : sans secousse ni à coup, il ne peut heurter personne. Observée du deuxième étage, d’un point de vue surplombant, la rotation des panneaux noirs dans l’espace devient presque hypnotique.
Cette évocation de l’univers astronautique éveille aussi le souvenir des atmosphères froides et minimalistes de la musique électronique allemande des années 1970 (Kraftwerk, Tangerine Dream…), elle se prête aisément à des extensions sonores jusqu’à nos jours.
C’est pourquoi Nicolas Moulin propose de mettre à disposition, dans le CDI Centre de Documentation et d’Information du collège, une collection de disques vinyles dans la catégorie « musique ambiante » (dont les titres de son propre label Grautag) auxquels les élèves auront accès grâce à un dispositif d’écoute
que le collège est invité à enrichir au fil des années.
Carole Boulbès